“Le parfait danser est la mémoire, la mesure, la manière, la tenue de corps, la diversité des choses et le partage de l’espace…”. C’est ainsi que s’ouvre l’un des premiers traité de danse de l’Histoire, écrit au XVe siècle par le maître à danser Italien Antonio Cornazzano. Au-delà des pas et des figures qu’il décrit, on y comprend aussi le rôle symbolique de cet art qui vise à unir la terre des hommes avec le royaume de Dieu. En écho à cette vision universaliste, ce programme suit le fil des premières danses notées en explorant également les chansons ou les pièces qui en furent parfois la source ainsi que les compositions plus raffinées qui s’en inspirèrent.
Au Moyen Âge, gravures et enluminures sont les traces muettes de pratiques millénaires, dont les sources musicales sont aussi rares que mystérieuses. Qu’elles soient solennelles ou festives, estampies, ductia, saltarelles ou autres danses oubliées dessinent les contours d’un monde de contrastes, vivant et coloré.
Il faut attendre le XVe siècle pour trouver la trace des premières indications chorégraphiques. À la cour de Bourgogne, rayonnante de splendeur et de vitalité, l’aristocratie se passionne pour la noble basse-danse qui semble jeter un pont entre la terre des Hommes et le royaume des Dieux, tandis que les maîtres à danser en Italie écrivent leurs premiers traités.
C’est toutefois à la Renaissance, au moment de la naissance de l’imprimerie musicale à Venise, que la musique à danser va être diffusée à foison en Europe. Les récits extraordinaires de bals et de magnificences témoignent de l’intérêt de la société pour le divertissement et la fête, en particulier à la cour de France. Ainsi, les phrases courtes et répétitives des branles à mener que sonnaient les ménétriers d’Henry III contribuent à entraîner le danseur d’hier et l’auditeur d’aujourd’hui dans un état hypnotique de transe… que nous pouvons tous connaître quand il nous prend la délicieuse envie de nous laisser-aller sur le dancefloor !
Mêlant espaces et esthétiques très variés, Le parfait danser est un concert jubilatoire qui témoigne plus que jamais de l’intemporalité de cet art.